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Un avis...

Une telle théorie n'est évidemment pas très satisfaisante : elle fait de l'appareil de mesure un objet "à part" puisque c'est par lui qu'intervient le hasard, l'aléatoire. Alors qu'en même temps, elle dit qu'elle est capable de le décrire complètement de façon déterministe. Mais voici une façon de comprendre les choses...

En fait, tout se passe au moment où l'appareil de mesure commence à interagir avec la particule à mesurer. L'appareil de mesure est bien sûr énorme par rapport à la particule, et il la perturbe, c'est entendu. Cette perturbation fait que la particule va prendre une allure stable, pas fragile. Un atome dans deux états "à la fois", c'est en fait un atome dans un état tel qu'il a deux solutions de repli qui ne sont pas fragiles (celles qu'on observe). Et c'est un état fragile parce que l'atome prend une des deux solutions de repli dès qu'on le touche.

Mais pourquoi est-ce que cette perturbation est aléatoire ? Eh bien parce que l'aléatoire n'est pas nécessairement dans la particule, mais plutôt dans l'appareil de mesure : comment imaginer en effet qu'on contrôle quoi que ce soit sur cet appareil ? Comment imaginer qu'entre deux mesures, il aura conservé le même état, la même fonction d'onde ? Il est dans un état qu'on connaît mal, et c'est ce qui produit l'aléatoire : l'état dans lequel va se réfugier la particule dépend de l'appareil de mesure.

Bien entendu, c'est une vision déterministe du monde, que celle là. J'en suis cependant partisan, parce qu'elle me parait simple et logique : c'est ce qui me permet d'expliquer comment fonctionne la mécanique quantique - et non pas de dire que comme elle échappe à notre logique, je ne peux pas l'expliquer. Alors, j'applique le rasoir d'Occam : les autres ne sont que fantaisies, parce qu'elles compliquent les choses de beaucoup.

Mais je ne peux pas prouver qu'elle est la bonne, parce qu'il n'existe pas d'expérience permettant de départager cette vision d'une vision où il faut un observateur conscient pour faire une mesure, et qui suppose donc que notre cerveau ait des propriétés que la simple matière ne possède pas. Ce qui semble très improbable...

De plus, dans un monde déterministe, il n'est pas possible de refaire exactement deux fois la même expérience. Ne serait-ce que parce que l'expérimentateur se souvient de la première. Bref, dans un monde déterministe, comme on ne peut pas faire deux fois la même expérience, on en arrive forcément à ne pas pouvoir les reproduire, et à n'avoir que des statistiques. Ca n'est donc pas parce que les expériences ne sont pas reproductibles que l'univers n'est pas déterministe !

Mais si le monde était déterminé ? Est-ce qu'on ne pourrait pas alors prévoir cet avenir figé ? Ne peut-on pas être vraiment libre ?